Charles Despiau
Le Printemps ou Nu assis 1923-1925
Epreuve en bronze, n°2/3
Fonte à la cire perdue Claude Valsuani
Signé : C. Despiau
Etiquette de la galerie Barbazanges portant le n°68
H. 71 ; L. 30 ; P. 37 cm
Provenance
Suisse, collection particulière
Bibliographie
- Charles Despiau, sculptures et dessins, Paris, musée Rodin, 1974, n°46, repr. (plâtre conservé au musée national d’art moderne).
- Charles Despiau, 1874-1946, Mont-de-Marsan, Donjon Lacataye, 1975, n°26, repr. (plâtre conservé au musée national d’art moderne).
- Charles Albert Despiau, 1874-1946, collections du Musée municipal de Mont-de-Marsan, Mont-de-Marsan, musée Despiau-Wlérick, 1982, p.31, n°30, repr. (Epreuve bronze du musée de Mont-de-Marsan).
- Elisabeth Lebon, Charles Despiau, 1874-1946, catalogue raisonné de l’œuvre sculpté, thèse de doctorat en histoire de l’art, sous la direction de Mme Mady Ménier, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, 1995.
- Charles Despiau 1874-1946, The Miyagi Museum of Art, Mie Prefectural Art Museum, Kumanato Prefectural Museum of Art, Ohara Museum of Art, Yamanashi Prefectural Museum of Art, Hyogo Prefectural Museum of Modern Art, Kobe, The Museum of Modern Art, Ibaraki, 1997-1998, p.189, n°29, repr. (épreuve bronze du musée de Mont-de-Marsan).
- Michael Semff, Charles Despiau, Zeichnungen, Staatliche Graphische Sammlung München, 1998, p. 39, repr. sanguine préparatoire au Printemps, conservée au musée national d’art moderne de Paris.
- Charles Despiau, sculpteur mal-aimé, Musée Beelden aan Zee, La Haye, Pays-Bas, 1er novembre 2013 – 26 janvier 2014, Musée Gerhard-Marcks-Haus, Brême, Allemagne, 9 février – 1er juin 2014, p170, repr.
« En même temps qu’il se tourne vers l’art asiatique pour le buste de Mme Derain (1923) et vers un renouveau de formes « naïves » pour la grande figure d’Eve (1923), Despiau se replonge pour ce Nu assis, pour lequel il aurait fait poser une trapéziste de cirque, dans les modèles de la statuaire pharaonique. (…). Il s’agit bien entendu d’une autre voie explorée par Despiau pour, selon son expression, arriver à la grandeur pleine, sereine et lumineuse par l’avancée des fonds et le placement juste des volumes »[1].
« On voit ici à quel point son art s’oppose à celui de Maillol, artiste prodigue du nu assis, dans lesquels la massivité du corps est compensée par une légèreté qui passe souvent par des mouvements gracieux, une lumière qui enrobe les corps lisses, une note purement sensuelle. Le landais ne porte pas non plus son exigence rigoureuse de simplification des volumes jusqu’aux déformations d’un Laurens, d’un Csaky, ou même d’une Chana Orloff, artistes qui, à la même époque, dans un style auquel on oppose généralement celui de Despiau, travaillent également à des figures de nus assis. Chez Despiau, la transposition des formes vers ce qu’il pense être leur plus large plan d’épanouissement s’arrête à un respect plus scrupuleux de la nature directement observée. Un dessin d’étude conservé au musée national d’art moderne rend d’ailleurs compte de cette observation au plus près du modèle, et de la distance introduite par la transposition plastique »[2].
Despiau crée le Printemps en 1923 : il mesure 35 cm de hauteur et est tiré à huit exemplaires. Puis, il semble que l’artiste l’agrandisse en 1925 : en effet, il l’expose pour la première fois à Paris cette année là, et le catalogue de l’exposition qui lui est consacré en 1930 à Bruxelles mentionne la date de 1925. Il n’apporte aucune retouche à son œuvre au moment de l’agrandissement et décide d’un tirage limité à trois exemplaires numérotés.
L’une des épreuves de cette édition très limitée a appartenu au couple luxembourgeois Mayrisch. Non localisée aujourd’hui, elle se trouvait probablement dans le jardin de leur château à Colpach. L’épreuve numérotée 3/3 a appartenu au plus grand mécène de Despiau, Frank Crowninshield, et à la galerie Brummer de New York. Notre épreuve a été présentée à la galerie Barbazanges à une date indéterminée. Despiau est sous contrat avec la prestigieuse galerie au début des années 20[3]. Le Printemps, grande taille, en plâtre, est conservé et présenté au Musée National d’art moderne (Inv.AM1259S)[4]. A côté des trois œuvres originales fondues du vivant de l’artiste, il existe une épreuve en bronze posthume, fondue avant 1977 pour le musée de Mont-de-Marsan, portant l’inscription « épreuve du musée de Mont-de-Marsan ».
[1] Lebon, 1995, t. II, vol. 1, p. 234-235.
[2] Ibid.
[3] La galerie Barbazanges, fondée par Henri Barbazanges en 1912, bénéficie d’un grand espace d’exposition au 109 rue du Faubourg Saint Honoré à Paris. Elle devient rapidement un acteur important et engagé pour la défense de l’art de son époque. Elle expose les Delaunay, Marie Laurencin, Matisse, Modigliani et montre pour la 1e fois Les Demoiselles d’Avignon de Picasso au public français. Au début des années 20, elle obtient le fonds d’atelier de Renoir, en partenariat avec Bernheim, expose les Impressionnistes et vend des œuvres importantes à plusieurs musées européens. Devenue Galerie Barbazanges Hodebert en 1923, elle est la première galerie à exposer les œuvres de Chagall en 1924.