Marcel Gimond
Femme assise se coiffant 1926
Plâtre original
70 x 26 x 36,6 cm
Provenance
- Collection Robert Lotiron
- Collection particulière française (descendance de Robert Lotiron)
Bibliographie
- 1930 FIERENS : Paul Fierens, Marcel Gimond, Collection Sculpteurs Nouveaux, Paris, 1930, repr. p.35 (exemplaire en pierre).
- 1932 ARTICLE : Roger Brielle, « Marcel Gimond », L’Art et les artistes, n°123, janvier 1932, repr. p. 124 (exemplaire en pierre).
- 1969 GIMOND : Marcel Gimond, Comment je comprends la sculpture, Arted, Éditions d’Art, Paris, 1969.
- 1994 EXPOSITION : Marcel Gimond 1894-1961, dir. Laurence Sallenave, Bernadette Imbert, (cat.exp., Aubenas, Château d’Aubenas, 5 août – 30 septembre 1994), Aubenas, Mairie d’Aubenas, 1994, repr. (exemplaire en bronze).
- 2003 DEA : Hélène Labbé-Bazantay, Marcel Antoine Gimond (1894-1961), DEA Histoire de l’art, sous la direction de Thierry Dufrêne, Université Pierre Mendès-France, Grenoble, septembre 2003, catalogue des sculptures, repr. p. 18 (exemplaire en pierre et bronze).
- 2008 EXPOSITION : Dessins de sculpteurs II, dir. Galerie Malaquais, (cat. exp., Paris, Galerie Malaquais, 28 mars – 18 avril 2008), Paris, Galerie Malaquais, 2008, repr. p. 45 (dessin).
Autres exemplaires
- Marcel Gimond, Nu à la coiffure, 1926, bronze, 72 cm, collection particulière.
- Marcel Gimond, Nu assis, 1927, pierre, 73 x 26 x 36 cm, Paris, Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou, AM 808 S.
Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Lyon en 1917, Marcel Gimond revendique son appartenance à la sculpture indépendante. Sculpteur de la forme, il aime représenter les nus féminins et réaliser des portraits. Le plâtre original Femme assise se coiffant, daté de 1926, est un parfait témoignage des premières recherches de l’artiste sur le nu féminin. De ce modèle fut tiré la même année un bronze, connu sous le titre Nu à la coiffure[1], et aujourd’hui en mains privées. Le musée national d’Art moderne de Paris conserve quant à lui un modèle en pierre daté de 1927 intitulé Nu assis.
Femme assise se coiffant provient de la collection du peintre et graveur français Robert Lotiron (1886-1966).
Conçue telle une Vénus moderne sortant des eaux, Marcel Gimond représente ici une femme dans l’intimité de sa toilette. Assise sur une base à deux degrés, la jambe gauche pliée reposant fermement à plat sur le premier degré et la pointe du pied droit reposant directement au sol, la jeune femme regroupe sa chevelure torsadée dans un mouvement gracieux, le bras droit relevé au-dessus de la tête, le gauche ramené contre elle et prenant appui sur sa jambe. Ce mouvement des bras encadre le visage empreint de sérénité, grâce à ses traits détendus et à ses yeux traités « à l’antique », sans indication de la pupille, ce qui permet d’avoir un regard qui se projette dans le lointain. Rien ne semble pouvoir perturber la tranquillité de cette jeune femme méditative. Le sculpteur ne cherche pas tant l’individualisation que d’atteindre un idéal intemporel conférant ainsi une dimension éternelle à sa figure. Les volumes simples et les formes harmonieuses tout en rondeurs ne sont pas sans rappeler les nus féminins d’Aristide Maillol auprès duquel Marcel Gimond travailla entre 1917 et 1918 à Marly-le-Roi. L’influence d’Auguste Renoir est également perceptible dans cette sculpture. Le maître, qui demanda au jeune artiste de réaliser son buste[2] au cours de l’hiver 1919 et dont l’atelier du boulevard Rochechouart lui fut par ailleurs mis à disposition, réalisa nombre de dessins et peintures de baigneuses nues dans des paysages à l’image de Femme nue dans un paysage[3] (1883) ou encore la Baigneuse assise s’essuyant une jambe[4] (1914) que Marcel Gimond a très probablement pu observer.
Femme assise se coiffant s’inscrit dans une série de nus féminins représentés tantôt couchés, assis ou debout, que l’artiste réalise dans les premières années de sa carrière entre 1920 et 1930. Le motif du drapé, positionné sous le corps de la figure, y est récurent et se traduit plastiquement par un léger et souple plissé. Cette sculpture peut être mise en relation avec un dessin exécuté à l’encre de Chine en 1925 et présenté sous le titre Modèle assis[5] (fig.1). Enfin, la même année 1926, Marcel Gimond exécute un bronze intitulé La coiffure[6] (fig.2). Ce dernier peut être considéré comme le pendant debout de notre figure : en effet, la position du haut du corps est la même que dans Femme assise se coiffant. Seule diffère la position des jambes traitées ici dans un contrapposto qui souligne encore davantage la ligne gracieuse et continue du corps de la baigneuse, depuis le haut de son coude droit, en passant par le creux de son aisselle et son bas ventre, jusqu’à la pointe du pied.
Femme assise se coiffant annonce ce qui constituera l’essentiel de l’originalité et de la modernité de l’œuvre de Marcel Gimond : la recherche d’une synthèse formelle, un équilibre dans le déploiement des volumes, le souci de donner une vie plastique à ses figures. Dans son traité théorique Comment je comprends la sculpture, l’artiste définit en effet le but de la sculpture comme « la création d’un objet vivant, mais vivant d’une vie propre, parallèle à la vie physiologique. Ce n’est pas une indication extérieure de muscles et d’épiderme, mais une construction possédant un dynamisme interne[7] ».
Fig. 1. Marcel Gimond, Modèle assis, 1925, encre de Chine, 36,5 x 23,5 cm.
Fig. 2. Marcel Gimond, La coiffure, 1926, bronze, dimensions inconnues.
[1] Marcel Gimond, Nu à la coiffure, 1926, bronze, 72 cm, collection Madame Sallenave. Voir 1994 EXPOSITION, non paginé ; 2003 DEA, cat. sculpture, p. 18.
[2] Marcel Gimond, Buste d’Auguste Renoir, 1919, bronze, 38 x 31 x 26 cm, Cagnes-sur-Mer, Musée Renoir.
[3] Auguste Renoir, Femme nue dans un paysage, 1883, huile sur toile, 65 x 54 cm, Paris, musée de l’Orangerie.
[4] Auguste Renoir, Baigneuse assise s’essuyant une jambe, 1914, huile sur toile, 51 x 41 cm, Paris, musée de l’Orangerie.
[5] Marcel Gimond, Modèle assis, 1925, encre de Chine, signé « M 25 », 36,5 x 23,5 cm, reproduit dans 2008 GALERIE, p. 45.
[6] Marcel Gimond, La coiffure, 1926, bronze, dimensions inconnues, lieu de conservation indéterminé, reproduit dans 2003 DEA, cat. sculpture, p. 19.
[7] 1969 GIMOND, p. 34.