Edgar Degas (1834-1917)

Hilaire-Germain-Edgar de Gas, dit Edgar Degas, naît à Paris dans une famille bourgeoise. Il entame sa scolarité au Lycée Louis-le-Grand, où il rencontre ses futurs amis proches, le peintre Henri Rouart (1833-1912) et le dramaturge et romancier Ludovic Halévy (1834-1908). Alors qu’il n’a que treize ans, il perd sa mère en 1847. Sa disparition l’affecte profondément, laissant le jeune homme à la tête d’une fratrie de quatre enfants. En 1853, il est admis copiste au musée du Louvre et au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France ; puis, s’inscrit à l’École des Beaux-Arts de Paris, où il se forme dans l’atelier de Louis Lamothe (1822-1869), élève et disciple de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867). Par ailleurs, le jeune Degas fait la rencontre du Maître en mai 1855, lors de l’Exposition Universelle, où ce dernier expose sa Baigneuse Valpinçon. Cet évènement marque à tout jamais le jeune artiste. Fuyant l’enseignement académique, il décide de faire un séjour prolongé en Italie où il reste de 1856 à 1859. Il s’y lie d’amitié avec Gustave Moreau.

De retour à Paris, il expose pour la première fois au Salon en 1865 (la dernière sera en 1870). Il fréquente le café Guerbois, où il retrouve Manet, Monet, Pissarro, Bazille, Renoir, Fantin-Latour, et Duranty. Au début des années 1870, Degas voyage à Londres et à la Nouvelle-Orléans, et Paul Durand-Ruel se met à lui acheter des œuvres. Entre 1874 et 1886, il participe aux expositions de la Société anonyme des artistes, autrement dit, aux expositions impressionnistes. Les critiques, mitigées au départ, deviennent encourageantes au fil du temps, puis élogieuses. Lors de sa sixième et avant-dernière participation en 1881, il présente la seule et unique sculpture qu’il ait exposée de son vivant : la Petite Danseuse âgée de 14 ans. Le scandale qu’elle provoque n’encourage sans doute pas l’artiste à en exposer d’autres par la suite.

Les premières sculptures d’Edgar Degas dateraient plutôt à partir de 1878, mais la majorité d’entre elles sont réalisées à la fin de sa carrière. En effet, celles-ci sont un moyen pour le peintre, dont la cécité s’accélère progressivement depuis 1870, d’approcher la forme de façon différente. « La vérité vous ne l’obtiendrez qu’à l’aide du modelage, parce qu’il exerce sur l’artiste une contrainte qui le force à ne rien négliger de ce qui compte », explique-t-il à Thiebault-Sisson en 1897. Pourtant, à la question du critique d’art sur le fait qu’il soit « sculpteur autant que peintre », l’artiste répond : « Jamais de la vie ! C’est pour ma seule satisfaction que j’ai modelé en cire bêtes et gens, non pour me délasser de la peinture ou du dessin, mais pour donner à mes peintures, à mes dessins, plus d’expression, plus d’ardeur et plus de vie. Ce sont des exercices pour me mettre en train ; du document sans plus. Rien de tout cela n’est fait pour la vente. » (Pingeot, Anne et Horvat, Frank, Degas, sculptures, Réunion des Musées Nationaux, Paris, 1991, p. 7.) Les chevaux, les danseuses et les femmes au bain constituent les thèmes centraux de son œuvre, aussi bien sculpté que pictural. Dès la fin des années 1870, les collectionneurs s’arrachent dessins et peintures d’Edgar Degas.

A partir de 1885, avec l’acquisition d’Œdipe et le Sphinx d’Ingres, Degas consacre de plus en plus de temps à la constitution de sa collection. Suite à la première exposition impressionniste organisée à New York en 1886, les œuvres de Degas sont acquises par différents galeristes. C’est à cette période qu’il réalise ses premiers monotypes de paysage, et qu’il se met à la photographie. A partir du tournant du siècle, Degas est particulièrement exposé aux États-Unis et recherché par les collectionneurs américains. Il décède en 1917, des suites d’un anévrisme cérébral.


La découverte post-mortem des sculptures d’Edgar Degas

C’est en réalisant l’inventaire de son atelier que les héritiers de l’artiste, accompagnés de son marchand officiel Paul Durand-Ruel (1831-1922), découvrent « environ 150 pièces éparpillées sur ces 3 étages » (Pingeot, Anne et Horvat, Frank, Degas, sculptures, Réunion des Musées Nationaux, Paris, 1991, p. 25). Les œuvres sont très abîmées. Seules 80 sculptures sont retenues. Après concertation avec les ayants-droit de l’artiste, le fondeur Adrien-Aurélien Hébrard (1865-1937) doit fondre en bronze 74 des 80 sculptures en cire sélectionnées, toutes en 20 exemplaires chacune, numérotées de « A » à « T ». À cela sont rajoutées deux séries : une première réservée aux héritiers de Degas (marquée « HER.D ») et une deuxième réservée à Hébrard lui-même (marquée « HER »). Enfin, deux dernières séries furent découvertes par la suite : la série « AP », frappée aux initiales d’Albino Palazzolo (1883-1976), le fondeur en chef d’Adrien Hébrard, ainsi que la série dite « Modèle » qui, selon l’historien de l’art John Rewald (1912-1994), aurait été réalisée par le fondeur afin de se constituer des archives personnelles. Quatre séries, pour la plupart quasiment complètes, sont conservées dans des musées internationaux : la série A a été léguée par la collectionneuse et mécène Louisine Havemeyer (1855-1929) au Metropolitan Museum de New York en 1929 ; en 1930, le Louvre acquiert la totalité de la série P, aujourd’hui conservée dans les collections du Musée d’Orsay ; la série R entre dans les collections de la Ny Carlsberg Glyptotek (Danemark) en 1948, tandis que la série S rejoint le Museu de Arte de Sao Paulo (Brésil) en 1951.
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