Jacques Lucien Schnegg (1867-1909)

Le sculpteur Jacques Lucien Schnegg, né le 19 mars 1864 à Bordeaux, est le frère aîné d’un autre sculpteur, Jacques Gaston, né le 4 août 1866 dans la même ville. Leur famille, originaire de Bavière, compte des ébénistes réputés depuis le XVIIIème siècle. Leur père est antiquaire à Bordeaux. Lucien se forme très jeune chez un ornemaniste bordelais, compétent dans la taille directe. Dès 1883, il obtient le premier prix de sculpture de la ville de Bordeaux à l’école municipale de dessin, et l’année suivante, entre à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier d’Alexandre Falguière. Il n’obtient pas le Grand Prix de Rome, fréquente les cours au minimum, car il préfère réaliser des croquis sur le vif et étudier dans les musées parisiens.

Il fait différents portraits de son frère : l’un est présenté au Salon des Artistes Français en 1887 ; un autre, en plâtre, au salon de la Société Nationale des Beaux-Arts (n°110) en 1894. La même année, il commence à partager avec lui un atelier au 40, rue Dutot. En 1898, Lucien et Gaston écrivent à Auguste Rodin pour l’assurer de leur soutien contre les détracteurs de son Balzac. Leur atelier devient à partir de 1900 le point de ralliement des jeunes sculpteurs membres de la « bande à Schnegg ». Il devient l’un des maîtres de Despiau, Halou, Poupelet et Wlérick, et contribue à ouvrir les jeunes sculpteurs à une sculpture autre que celle conçue par Rodin, bien qu’il en soit très proche.

A partir de 1902, il travaille pour Rodin comme praticien, par nécessité financière. L’année suivante, il connaît un grand succès avec la présentation du buste de Jane Poupelet au Salon (marbre, musée d’Orsay) et organise avec Emile-Antoine Bourdelle un banquet en l’honneur de Rodin qui vient de recevoir la Légion d’honneur. Il participe au Salon des Indépendants à partir de 1905 et par deux fois à des expositions à la galerie Georges Petit (où exposent Rodin, Bourdelle, Poupelet ou encore Louis Dejean) en 1906 et en 1909, l’année de sa mort. Il est emporté par la fièvre typhoïde.

Rodin réunit tous les amis de Lucien et organise avec l’aide de Gaston une tombola en faveur de la famille de son frère. A cette occasion, il écrit les lignes suivantes : « Il a eu le courage d’être un véritable sculpteur : il a tant tiré de lui-même à la façon des réformateurs. Il a laissé des œuvres de chemin, de plus belles encore, puis un chef d’œuvre plein : Le buste de la République. Aussi il a sculpté sur des maisons, palais, d’un goût retourné aux belles époques qu’il comprenait avec passion. Dans la décoration il était intuitif et un conseiller savant. Le sculpteur enthousiaste ne désirait pas d’orgueil inutile, mais il avait la fierté de celui qui se sent vrai et pauvre. La mort l’a mis en sa place avec les héros du travail ». Lucien a ainsi réalisé de nombreux bustes, des petits nus et de la sculpture décorative souvent en lien avec l’architecture (hôtel Dufayel, 1904 ; hôtel Astoria, 1907).

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