Jacques Lipchitz (1891-1973)

Chaïm Jacob Lipchitz nait le 2 août 1891 à Druskieniki en Lituanie. Il découvre rapidement son intérêt pour le modelage. Âgé de 18 ans, il arrive en octobre 1909 à Paris, où l’administration l’inscrit sous le nom de Jacques Lipchitz qu’il conservera. Élève de Jean-Antoine Injalabert à l’École des Beaux-Arts puis de Raoul Verlet à l’Académie Julian, il fait peu à peu connaissance des artistes de Montparnasse et fréquente ceux de La Ruche. Il rencontre Diego Rivera, Amedeo Modigliani, Max Jacob et des peintres cubistes. En 1913 il entame ce qu’il appelle sa « période proto-cubiste » avec des formes géométriques simplifiées. Lorsque la guerre est déclarée en 1914, il séjourne en Espagne et expose à Madrid avec Diego Rivera et Maria Blanchard. De retour à Paris en 1915, en crise, il détruit de nombreuses œuvres. Puis, il entre dans une intense phase créative. En 1916, il épouse la poétesse russe Berthe Kitrosser, reprend l’atelier de Brancusi au 54 rue du Montparnasse et signe un contrat avec le marchand Léonce Rosenberg. Il séjourne quelques mois chez Juan Gris à Beaulieu-les-Loches en Touraine en 1918.

Sa première exposition personnelle a lieu à la galerie de l’Effort Moderne au début de l’année 1920 et Maurice Raynal publie la première monographie du sculpteur. Mais cette année est aussi celle de sa séparation avec Rosenberg qui émet des réserves sur son changement de style, s’éloignant du cubisme. Il réalise plusieurs portraits figuratifs dont ceux de Raymond Radiguet ou Jean Cocteau. Au début des années 20 il traverse une période difficile mais réalise des commandes pour Coco Chanel. En 1922, grâce au marchand Paul Guillaume, il rencontre le mécène américain Albert C. Barnes qui lui achète huit sculptures et lui passe commande de cinq bas-reliefs pour sa maison en Pennsylvanie. Il est naturalisé français en 1924 et s’installe l’année suivante à Boulogne, dans une maison construite à sa demande par Le Corbusier. Il entame la série des Transparents, des sculptures où le vide prédomine. Entre 1925 et 1935, il participe à de nombreuses expositions à la galerie Jeanne Bucher à Paris, à la galerie Brummer à New York, au Salon des indépendants etc… et réalise des travaux de commande pour des mécènes dont La Joie de Vivre pour les Noailles à Hyères ou Le Chant des Voyelles pour le jardin de Mme de Mandrot dans le Var. En 1937, il participe à l’Exposition internationale avec Prométhée étranglant le vautour. Son talent est désormais internationalement reconnu. Les thèmes qu’il aborde dès lors dans son œuvre sont souvent allégoriques, mythologiques, bibliques et touchent à l’universalité du drame humain.

À la déclaration de guerre, en 1940, il se réfugie à Toulouse puis émigre aux États-Unis et s’installe à New-York. Après la guerre, il se sépare de Berthe qui revient s’installer à Boulogne. Remarié en 1948 avec la sculptrice Yulla Halberstadt, il devient père de la petite Lolya Rachel. Cette période de félicité affective transparait dans son œuvre avec une série de sculptures sur le thème de la mère et l’enfant. Dans son atelier new-yorkais, il entame les études pour la Vierge d’Assy pour l’Église Notre-Dame-de-Toute-Grâce, en Savoie. Après l’incendie de son atelier il est hébergé dans un atelier du Museum of Modern Art puis est aidé pour construire un nouvel atelier à Hastings-on-Hudson, près de son domicile. Il participe à la 26e Biennale de Venise en 1952 avec 22 sculptures dans le Pavillon français. A partir de 1954, son travail fait l’objet de nombreuses rétrospectives à travers le monde. Vers, 1955, rompant temporairement avec la sculpture monumentale, il crée des sculptures expérimentales, se laissant guider par la matière avec les séries « Semi-automatiques » et « A la limite du possible ». Il est naturalisé américain en 1958. En 1962 il découvre l’Italie où il passe tous ses étés et crée des sculptures monumentales en bronze et en marbre de Carrare. Lipchitz meurt à Capri, le 26 mai 1973 et est enterré à Jérusalem.
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